Publié le 13 avril 2015
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Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

Le modèle linéaire classique de l'économie (extraire > produire > consommer > jeter) touche à sa fin, d'une part parce que les ressources naturelles se raréfient et la population mondiale augmente, d'autre part parce qu'il ne prend pas en compte les impacts qu'il génère sur l'environnement et tout particulièrement le climat. Un autre modèle émerge, fondé sur le principe que les déchets des uns peuvent devenir la matière première des autres : c'est l'économie circulaire, qui fait l'objet d'États généraux à l'Hôtel de Ville de Paris jusqu'en juillet.

Ceux-ci ont été lancés le 11 mars dernier et rassemblent les collectivités de la future Métropole du Grand Paris qui ont souhaité s'associer à la démarche initiée par la Capitale, les entreprises, les associations, les personnalités françaises et étrangères ayant une solide expérience de l'économie circulaire. Dix groupes de travail étudieront jusqu'en juillet l'évolution des modes de production, de consommation, de distribution des biens et des services, l'implication des différents acteurs, les synergies avec d'autres villes dans le monde. L'ensemble des propositions ainsi rassemblées figureront dans un Livre blanc dont la publication est prévue pour septembre 2015. Les recommandations des groupes de travail doivent être mises en application par les collectivités (dont, bien sûr, Paris) dès le mois de janvier 2016 à partir d'une feuille de route valable pour 5 ans. Les thématiques abordées sont très diverses : le gaspillage alimentaire, les énergies de récupération, l'écologie industrielle, les déchets de chantier, la trajectoire zéro déchet.

> Lire l'article concernant l'économie circulaire sur le site de la Mairie de Paris

La nécessité de contenir l'augmentation des températures moyennes de la planète à 2° C d'ici la fin du XXIe siècle est aujourd'hui partagée par le plus grand nombre. La fixation d'objectifs de réduction des gaz à effet de serre, devant faire l'objet d'un accord international lors de la prochaine Conférence des parties sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre prochain, est indispensable. Mais elle doit de plus s'inscrire dans un mouvement structurel de transformation de nos modèles de production et de consommation, c'est-à-dire dans l'économie circulaire.

Celle-ci a été médiatisée lors du Grenelle de l'environnement en 2007. Elle entend promouvoir un système économique sobre en carbone, en énergie et en ressources naturelles. Elle veut favoriser le recyclage au meilleur coût.

Stratégies de rupture

Parmi les différentes déclinaisons de l'économie circulaire, la valorisation énergétique des déchets pourrait contribuer de manière très significative aux objectifs de réduction du CO2 parce qu'elle offre des énergies de substitution aux énergies fossiles. Ainsi, une tonne de déchets ménagers peut produire 700 kilowatt-heure (kWh) d'électricité.

Basée sur la lutte contre l'obsolescence, la promotion du réemploi, la réutilisation et le recyclage, l'économie circulaire, au-delà de l'objectif de réduction des gaz à effet de serre, peut déboucher sur une véritable économie décarbonée. Elle entraîne ainsi des stratégies de rupture par rapport à l'économie linéaire actuelle (extraire > produire > consommer > jeter).

Outre la réduction de plus de 14 % du total des émissions annuelles des gaz à effet de serre en Europe, elle doit également permettre la création d'emplois (50 000 pourraient être créés à l'échelle du Grand Paris).

De profondes répercussions politiques

L'économie circulaire aura sans doute également de profondes répercussions sur les processus de décision dans le domaine politique. Ainsi, Antoinette Guhl, adjointe à la Maire de Paris chargée de l'économie sociale et solidaire et de l'innovation sociale estime qu' « on ne peut plus continuer en imposant les choses d'en haut, surtout dans l'économie circulaire. La société est déjà en marche et le rôle de la collectivité est de l'aider à passer à l'échelon supérieur. De plus, la COP 21 va le montrer, les traités entre États c'est bien mais ça ne suffit pas. C'est désormais aux grandes villes, aux métropoles, de s'emparer du sujet. Là où sont les problèmes et les besoins, là où ça s'invente. Et, surtout, au meilleur niveau pour travailler avec les entreprises ».

« Paris propose une coopération renforcée. Nous ne sommes le chef de rien » renchérit pour sa part Anne Hidalgo. « La distinction des territoires n'existe plus dans le Grand Paris. En tout cas, les gens ne la font plus, et nous devons travailler sur les territoires de vie, pas sur les périmètres communaux. La construction politique du Grand Paris peut se faire sur des sujets de terrain. Là où la mutualisation est essentielle, dans le gaspillage alimentaire, la logistique, le compost industriel, l'énergie... Ou même sur la création de nouvelles filières industrielles qui vont naître avec l'économie territoriale ».

L'économie circulaire, au même titre qu'Internet et les réseaux sociaux, pourrait ainsi contribuer à l'émergence d'un nouveau mode de fonctionnement dans les sociétés occidentales, où la créativité, l'innovation partagée et de nouveaux liens constamment réactualisés entre les individus et les structures sociales remplaceraient un pouvoir centralisé imposant des normes générales et obligatoires.

Photo : © Julie Verlinden – Flickr (sous contrat Creative Commons)