Quelles forces vives pour la MGP ?
La Métropole du Grand Paris (MGP) sera une réalité le 1er janvier prochain. C'est l'aboutissement d'un grand serpent de mer mais également le départ d'une nouvelle aventure pour 126 communes et leurs 7 millions d'habitants. Il ne s'agit pas de créer une nouvelle strate bureaucratique dans un mille-feuille administratif déjà imposant mais de permettre un nouveau mode de gouvernance améliorant l'attractivité et la qualité de vie de cette mégapole en développement continu. De nombreux problèmes se posent concernant notamment les personnels qui la feront vivre.
Qui va diriger tout cela ?
Tout d'abord un conseil métropolitain sui generis de 342 conseillers, mais également un exécutif et son appareil administratif, c'est-à-dire un certain nombre de collaborateurs. Combien ? Bon élément de comparaison, le développement de la Région Île-de-France, créée progressivement dans les années 1980. Celle-ci compte aujourd'hui 2 000 agents chargés de la mise en œuvre et du suivi des politiques régionales ( transport, logement, infrastructures, environnement, économie). Le budget de la Région est de 4,5 milliards d'euros et concerne près de 12 millions d'habitants. Fruit d'un processus institutionnel particulièrement complexe, puisqu'il s'agit en quelque sorte d'une super-intercommunalité, la Métropole du Grand Paris aura également besoin de moyens humains spécifiques. Quelques centaines de personnes dès 2016, peut-être un millier à terme.
Pour gérer quel budget ?
De l'ordre de 2 à 3 milliards d'euros provenant de redéploiements de crédits jusque-là inscrits sur les budgets des collectivités et intercommunalités. Ils correspondent pour l'essentiel à la totalité de la fiscalité professionnelle ( environ un milliard ) et une partie de la dotation globale de fonctionnement ( environ 1,5 milliard ).
Et les personnels ?
Ils seront de provenances diverses. Issus majoritairement des communes et intercommunalités du ressort de la MGP, dont évidemment les personnels des administrations parisiennes. Ils seront mis à la disposition de la Métropole du Grand Paris (*) par leurs administrations d'origine dans un premier temps. Particularité notable, les personnels des administrations parisiennes disposeront d'une option particulière durant deux ans : soit intégrer un cadre d'emploi de la fonction publique territoriale, soit le maintien dans leur corps d'origine. S'ils choisissent cette dernière option, ils seront considérés comme bénéficiaires d'un détachement sans limitation de durée.
On frémit d'avance face à ce maquis statutaire. Le système RH de la MGP fera en effet cohabiter plusieurs statuts de personnels, avec des règles de rémunération, d'avancement et de promotion hétérogènes. De quoi favoriser les querelles byzantines à l'occasion des commissions de détachement ou d'avancement : quelles équivalences, quelles passerelles, quelle équité ?
Comment garder les avantages de chacun des corps d'origine et modéliser une gestion des ressources humaines dynamiques et attractive ? Tout cela dans un contexte bien connu de contrainte financière et l'obligation morale d'éviter une dérive de la masse salariale.
Tels sont les enjeux que devra maîtriser la ou le futur(e) DRH de la Métropole du Grand Paris.