Publié le 13 janvier 2015
Paris : quel service public ? quel dialogue ? - PDF

Paris : quel service public ? quel dialogue ?

La Mairie de Paris lance une consultation auprès des Parisiens afin d'analyser leur perception sur la question de l'accès aux services municipaux. Les personnels pourront ensuite donner leur opinion sur les thématiques qui seront dégagées. Les organisations syndicales représentatives – qui viennent d'être élues lors des élections professionnelles du 4 décembre – sont conviées à une présentation de l'opération la veille de son lancement. Bienvenue dans le monde de ce que l'Éxécutif appelle  « la démocratie participative renouvelée » !

C'est une réunion un peu étrange et passablement houleuse qui s'est tenue le 8 janvier à la DRH. Son thème ? “ présentation aux organisations syndicales de la consultation des Parisiens et des agents sur les services publics municipaux ” (oui, l'intitulé est un peu long). Ses éléments de langage ? “ boîte à idées ”, “ écoute ”, “ participation ”. Sa place dans le calendrier ? Première réunion organisée avec les syndicats après les élections professionnelles du 4 décembre.

Les choses sont d'emblée claires et simples : dans l'optique définie par la Maire de Paris tendant à recentrer l'administration municipale vers les demandes des habitants de la Capitale, une consultation est lancée concernant la perception par le public de la question de l'accès aux services municipaux. Des thématiques seront ensuite dégagées sur lesquelles les personnels de la Mairie seront appelés à exprimer leur opinion. Le tout entre dans ce que l'Exécutif dénomme « la démocratie participative renouvelée ».

Autrement dit, et pour résumer : souhaits des Parisiens > grands sujets abordés > qu'en pensent les agents ? (commentaires + boîte à idées).

Premier problème (et non des moindres) : où se situent les syndicats représentatifs dans le processus ?  Les personnels se sont exprimés un mois auparavant et leurs représentants sont conviés à une présentation de l'opération la veille de son lancement. Les questionnaires conçus pour les Parisiens ne leur sont pas montrés. Une autre réunion (d'après ce que l'on comprend, car le brouhaha déclenché par l'indignation des syndicalistes présents commence à dominer) est prévue pour « restituer » aux représentants des agents les résultats de la consultation. Au vu du taux de participation pour le Comité technique central et les Comités techniques des Directions (respectivement 38,63 % et 37,63 %), la Maire de Paris considère-t-elle désormais (sans le dire, bien entendu) les organisations syndicales de la Ville comme des entités négligeables, voire des potiches (dont l'aspect décoratif laisserait même à désirer ?).

Deuxième problème : les syndicats sont tout de même là, et l'on n'apprend pas à faire la grimace à de vieux singes. Les délégués du personnel ont très vite compris que la consultation lancée n'est qu'une opération de communication “poudre aux yeux” de plus, du stress et des paillettes comme on en a tant connu pendant la deuxième (et catastrophique) mandature de Bertrand Delanoë (2008 – 2014). L'UNSA résume très bien la situation en déclarant : « Des idées, il y en aura plein comme toujours ! Mais, comme d'habitude, il n'y aura ensuite pas d'argent pour les réaliser ! ».

Autrement dit, et pour résumer : souhaits des Parisiens > grands sujets abordés > qu'en pensent les agents ? (commentaires + boîte à idées)  >  RIEN.

L'UNSA dénonce de nouveau la pratique de la Municipalité consistant à demander pour la forme leur avis aux syndicats représentatifs des personnels et de passer ensuite en force, même dans le cas où l'ensemble des délégués des personnels s'est opposé au projet (comme ce fut le cas pour la création de la Direction des achats ou la réforme de la fonction Bâtiment).

L'UNSA rappelle également que l'extension des horaires dans les équipements publics soit disant demandée par les Parisiens (car c'est au fond pour cela que la consultation est lancée, via des questions orientées) s'est jusqu'à présent révélée inutile.

En ce qui concerne la consultation elle-même, notre organisation syndicale demande de façon très ferme que la partie “ prestations sociales ” (très difficile) soit dissociée des autres questions liées au sport, à la culture, aux démarches en mairies d'arrondissement. Le douloureux problème du “ non-recours ” (c'est-à-dire des personnes en grande difficulté abandonnant en cours de route leur demande de prestations auxquelles elles ont droit à cause entre autres de la complexité des procédures et de la masse de documents qui leur est demandée) ne doit notamment pas être traitée en vrac avec des questions de nature très différente.

Deux heures de discussions inutiles pour la première réunion post-élections professionnelles, c'est à la fois beaucoup et révélateur de l'absence d'un dialogue social adulte à la Ville.

Photo  :  © Coloures.pic  –  Fotolia