« Ne vous en faites pas, je ne m'en vais pas ! » s'est exclamée la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique le 10 mars à l'issue d'un point avec les médias consacré aux négociations avec les syndicats de fonctionnaires, alors que des rumeurs concernant un possible remaniement du Gouvernement après les élections départementales du week-end prochain se font jour. Les chantiers concernant le secteur public sont en effet nombreux : avenir de la Fonction publique, revalorisation salariale, réduction du temps de travail des fonctionnaires.
Dans le cadre des négociations générales sur l'avenir de la Fonction publique, Marylise Lebranchu a notamment annoncé la revalorisation des catégories A et B, l'intégration d'une partie des primes dans le traitement, l'harmonisation des carrières et des parcours professionnels et la mise en place d'emplois communs aux trois versants de la Fonction publique.
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Ces négociations se poursuivent avec un retard important constaté au niveau de leur calendrier (elles devaient se conclure pendant ce mois de mars 2015) et alors que les discussions avec les syndicats concernant la qualité de vie au travail n'ont pu déboucher sur un accord cadre.
> Lire : Qualité de vie au travail, horizon bouché ? (article du 2 mars 2015)
Si tous les syndicats participent pour l'instant aux négociations sur l'avenir de la Fonction publique, appréciant notamment le maintien du statut, des catégories et des grades, ils réclament plus de précisions notamment en matière budgétaire. Les expressions : « de vraies améliorations », « des propositions concrètes » reviennent ainsi dans toutes les réactions des organisations syndicales. Le positionnement de certains syndicats pourrait d'ailleurs se durcir au cours des prochaines négociations (à partir du 8 avril), FO considérant par exemple la poursuite de la fusion des corps comme « un casus belli ». L'UNSA quant à elle pose la question de savoir ce qui se passera si aucun accord n'est signé à l'issue de la réunion conclusive du 2 juin.
Rémunérations
Marylise Lebranchu a également évoqué le 10 mars une revalorisation des rémunérations des fonctionnaires, mais par étapes et étalée de 2016 à 2020 (voire 2021). « Après la revalorisation des agents de catégorie C en janvier 2014 et en janvier 2015, il nous faut aujourd'hui évoquer les agents des catégories B et A. Un fonctionnaire de catégorie A gagne seulement [ en début de carrière ] 1,3 fois le Smic » a notamment déclaré la ministre. Une intégration d'une partie des primes dans le traitement budgétaire pourrait également être effectuée à partir de 2016 mais n'aurait pour résultat, selon certaines informations, qu'une augmentation très faible des traitements budgétaires : 4 points d'indice pour les agents de catégorie C, 6 points pour ceux appartenant à la catégorie B et 9 points pour les fonctionnaires de catégorie A.
Cette question touchant les rémunérations est soulevée au moment où trois études réalisées à la demande conjointe du Défenseur des droits et du ministère de la Fonction publique sur les inégalités hommes-femmes dans le secteur public ont été publiées début mars. Elles montrent que les femmes gagnent en moyenne 12 % de moins que les hommes dans la Fonction publique (l'écart est de 19 % en moyenne dans le secteur privé). Cette différence est de 9 % dans les hôpitaux, de 15 % dans les collectivités territoriales et de 16 % à l'État. Pour les femmes âgées de 25 ans, l'écart est de - 6,7 % pour la catégorie A, de - 5,8 % pour la catégorie B, et de - 7,8 % pour la catégorie C. Pour celles âgées de 50 ans, il est de - 24,5 % pour la catégorie A, de - 13,4 % pour la catégorie B et de - 14,2 % pour la catégorie C. Les études réalisées montrent également que plus les niveaux de rémunération sont élevés, moins les femmes ont la possibilité d'y avoir accès (situation également constatée dans le secteur privé). « Les analyses détaillées permettent de démontrer qu'au sein du secteur public (...) les femmes rencontrent, “ toutes choses égales par ailleurs ”, des discriminations spécifiques » écrit le Défenseur des droits dans sa note de synthèse.
Temps de travail et clichés
Marylise Lebranchu a par ailleurs annoncé le 5 mars sur BFMTV et RMC le lancement d' « une mission d'observation sur l'application de la réduction du temps de travail chez les fonctionnaires ». L'objectif est de formuler un diagnostic en septembre prochain sur ce point pour les trois versants de la Fonction publique a précisé son Cabinet. « J'en ai assez d'entendre que les fonctionnaires ne travaillent pas ou travaillent moins [ que dans le privé ] » s'est notamment exclamé la ministre, qui veut qu'un « diagnostic clair » du temps de travail des agents publics et des conséquences du passage aux 35 heures soit établi. « Il y a tellement de clichés que je vais lancer une mission d'observation sur la réalité de l'application de la réduction du temps de travail, pour aller voir comment ça s'est passé et comment on peut améliorer les choses » a-t-elle ajouté.
La ministre de la Fonction publique avait inauguré le 3 février dernier l'exposition Clichés contre clichés organisée à Paris au Palais de Tokyo. « “Feignants”, “planqués”, “privilégiés” : ces clichés, trop souvent relayés, sont autant de contre-vérités qui ternissent au quotidien l'engagement de ces femmes et de ces hommes au service de l'intérêt général » avait alors déclaré Marylise Lebranchu. Les photographies de l'exposition racontaient le quotidien d'une infirmière, d'un agent d'entretien des routes, d'un enseignant.