Publié le 3 juin 2014
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Quel futur pour l’École Du Breuil ?

Dernière mise à jour : le mercredi 4 juin 2014  Vénérable institution fondée en 1867, l'École Du Breuil est une école municipale d'horticulture située dans le bois de Vincennes près de l'arboretum. Gérée par la DEVE, elle fait l'objet d'un projet de réforme visant à la rapprocher de deux écoles de la Ville – l'École des ingénieurs et l'École professionnelle supérieure d'arts graphiques et d'architecture – dans le but de créer un “Pôle paysage urbain”. Ce projet soulève de nombreuses questions, venant s'ajouter aux problèmes qui touchent les professeurs de l'École.

L'École Du Breuil reçoit actuellement 300 élèves pour la préparation du bac pro à la licence professionnelle en passant par le BTS aménagement paysager. 2000 adultes environ sont également concernés par ses formations.  Elle assure notamment la formation continue des jardiniers de la Ville de Paris et d'autres collectivités. Son nom vient de son premier directeur, Alphonse Du Breuil (1811–1890).

Mettre du végétal dans les cursus “espaces publics”

Le projet de rapprochement de l'École Du Breuil, de l'École des ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP) et de l'École professionnelle supérieure d'arts graphiques et d'architecture (EPSAA) remonte à trois ans environ. La nouvelle Municipalité a décidé de réfléchir de nouveau à ce projet et de reporter la création de la nouvelle structure après le 1er janvier 2015, délai qui était initialement fixé. Ce projet n'est à ce jour ni finalisé ni validé par l'Exécutif. Il vise à enrichir réciproquement les formations post-baccalauréat en mettant du végétal dans les cursus espaces publics et inversement. Il figure dans la lettre de mission de  Marie-Christine Lemardeley, adjointe à la Maire de Paris chargée de l'enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante, mais l'École Du Breuil n'apparaît pas curieusement dans celle de  Colombe Brossel, nouvelle adjointe chargée des espaces verts, de la nature, des affaires funéraires et de la préservation de la biodiversité. On peut noter que l'EPSAA a déjà en grande partie intégré l'École des ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP) et que l'essentiel du projet vise au final à un rapprochement entre l'École Du Breuil et l'EIVP.

Comme l'UNSA l'écrivait le 17 mars dernier dans une  lettre  adressée à  Fabienne Giboudeaux, alors adjointe au Maire de Paris chargée des espaces verts et de la biodiversité : « Si le projet de Schéma directeur pour l'École Du Breuil fait état de développements ambitieux, il ne précise en rien le futur statut de l'École, ses relations avec l'École des ingénieurs de la Ville de Paris (partenariat ou regroupement) pas plus qu'il ne formalise les relations avec la DEVE quant à ces différentes propositions ». « Plus inquiétant encore – poursuivait le courrier de l'UNSA – les agents de la Ville travaillant à l'École Du Breuil n'ont pas été informés des conséquences quant à leur travail, leurs statuts, leurs rémunérations que pourraient impliquer les différents types de fonctionnement évoqués. Ce sont aujourd'hui les grands oubliés du projet. Nous sommes là bien loin du dialogue social prôné par la Mairie de Paris ». On peut également noter que la nomination il y a trois ans (déjà !) d'un chargé de mission expert de haut niveau rattaché au Secrétariat Général pour préparer le rapprochement entre l'École Du Breuil et l'EIVP n'a pas toujours permis d'apporter des réponses aux questions évoquées dans la lettre de l'UNSA. Notre organisation syndicale note d'ailleurs que les personnels n'ont pas été avertis des objectifs de cette mission.

La question de la contractualisation de certains enseignants

À ces problèmes, s'ajoute celui que connaît une partie de la cinquantaine de professeurs de l'École Du Breuil. Leur situation est diversifiée : au corps de base des professeurs certifiés de l'École Du Breuil (pour lequel un dernier concours s'est tenu il y a dix ans) se sont ajoutés des enseignants contractuels et vacataires (dont le temps de travail peut varier). D'abord recrutés pour des besoins marginaux, les vacataires ont servi ensuite à assurer pour une bonne part la montée en charge de l'enseignement initial, dont les effectifs ont cru d'un tiers en quelques années. Ces enseignants vacataires sont inquiets à l'heure actuelle et souhaitent que leur temps de travail soit maintenu et qu'un processus de contractualisation soit engagé en leur faveur. Le 8 avril dernier, lors d'une audience avec la directrice de la DEVE, celle-ci s'est déclarée favorable à une meilleure stabilité de l'emploi afin de sécuriser les professeurs et faciliter l'émergence de projets pédagogiques complexes et novateurs. Cette stabilité passe par la contractualisation. Or, selon la DRH, cette contractualisation est impossible faute de supports budgétaires. Selon nos informations, une étude est néanmoins actuellement en cours pour contractualiser certains enseignants vacataires et pourrait aboutir lors du vote du budget supplémentaire de la Ville en juillet 2014.

Sur la question des blocages enregistrés au printemps sur cette contractualisation, l'UNSA formule trois observations : > une impossibilité actuelle ne peut que légitimer la recherche d'une solution future. Techniquement, on peut remarquer que la DASCO a transformé en 2005 des heures de vacation en poste de contractuels via une délibération budgétaire. > la précarité fragilise les projets de l'École du Breuil. > la loi de déprécarisation ne concerne pas formellement les vacataires mais rien n'interdit à la Ville de déprécariser par ailleurs les vacataires. En pratique, l'UNSA a cherché à conseiller efficacement les professeurs, à les accompagner auprès des autorités municipales et à alerter celles-ci. Toutefois, la difficulté à obtenir une contractualisation largement justifiée laisse perplexe. En effet, dans un passé récent, les conférenciers des musées et les professeurs du Cour municipal d'adultes de la DASCO ont été confrontés au même problème ex ante. Chemin faisant, des solutions ont été trouvées et mises en œuvre progressivement : création de postes budgétaires et mise au point d'un règlement de service. Mais il semble que la Ville n'engage de réformes que lorsqu'elles sont formellement inscrites à son agenda ou lorsqu'un mouvement social vient semer le trouble.
Photo  :  capture d'écran du site Internet de l'École du Breuil