Publié le 12 mai 2014
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Le plan Najdovski contre la pollution

L'adjoint à la Maire de Paris chargé des Transports (et tête de liste EELV lors des municipales dans la Capitale) présentera le 19 mai devant le Conseil de Paris un plan pour « retrouver un air de qualité à Paris ». Gratuité des transports en commun dès la première alerte, fin du diesel pour le parc automobile municipal dès cette année, relance du dossier des zones prioritaires pour l'air, un an de Passe Navigo gratuit pour les particuliers qui accepteront de se séparer de leur voiture diesel, constituent les points forts du programme.

Le plan de lutte contre la pollution à Paris préparé par Christophe Najdovski, adjoint EELV à la Maire de Paris chargé des transports, s'organise autour de deux axes : des alertes renforcées et la lutte contre le diesel.

Des alertes renforcées

Afin d'éviter des pics de pollution aux particules fines tels que la Capitale en a connu à l'automne 1997 et en mars 2014, la Mairie de Paris veut monter d'un cran le seuil d'alerte. Le nouveau seuil d'alerte serait ainsi de 50 mµ de particules fines / m3 d'air (niveau qui constitue aujourd'hui le seuil d'information). Il entraînerait la gratuité du stationnement résidentiel, puis, au deuxième jour, la gratuité de Vélib' et d'Autolib'. L'ancien seuil d'alerte (80 mµ de particules fines / m3 d'air) serait quant à lui maintenu pour la mise en place de la circulation alternée  et donc automatiquement la gratuité des transports en commun.

La lutte contre le diesel

La Maire de Paris annonce que le diesel sera éradiqué très prochainement en ce qui concerne le parc automobile de la Ville. Christophe Najdovski déclare d'autre part que la Mairie va faire pression sur la RATP afin que la Régie se sépare de tous ses véhicules diesel pour 2020 alors que celle-ci a fixé pour l'instant l'échéance à 2025. Une mesure spectaculaire est également annoncée en ce domaine puisque les particuliers qui accepteront de se séparer de leur véhicule diesel se verront offrir un an de transport en commun gratuit via le Passe Navigo.

Polémique sur les ZAPA

Les zones d'action prioritaires pour l'air , appelées également zones de basse émission, figurent dans la loi de l'environnement de 2010. Le dispositif prévoit la création de secteurs où la circulation des véhicules les plus polluants peut être limitée, voire interdite. Paris s'était portée candidate à l'expérimentation de ce système en 2011 mais les études menées à l'époque avaient fait ressortir des difficultés très importantes d'ordre technique et socio-économique pour sa mise en place. Pendant la campagne électorale pour les élections municipales de cette année, et alors que la Capitale subissait une semaine de pic de pollution aux particules fines, Anne Hidalgo avait écarté ce dispositif dont son adversaire UMP Nathalie Kosciusko-Morizet demandait la mise en place. L'annonce que la nouvelle Municipalité allait relancer le dossier des ZAPA a provoqué immédiatement un communiqué de NKM rédigé avec Yann Wehrling (écologiste centriste). « On apprend avec étonnement que Mme Hidalgo souhaite désormais vaguement la mise en œuvre des ZAPA. Malheureusement, l'équipe municipale a tellement changé d'avis sur ce sujet qu'il est permis d'être sceptique : n'était-ce pas Bertrand Delanoë lui-même qui en avait demandé l'application en 2012, sans donner suite ? » déclare Mme Kosciusko-Morizet, pour qui « la seule mesure efficace pour réduire la pollution est la mise en place de ZAPA ». « Nous allons balayer toutes ces questions » répond Christophe  Najdovski « mais la ZAPA version NKM reste une mesure totalement inefficace. Elle ne s'attaque qu'aux camions et aux cars de tourisme mais pas à la masse des véhicules individuels, soit une toute petite partie du parc roulant ».

10 jours de circulation alternée par an ?

Concernant la mise en place de la circulation alternée, on peut noter que c'est le préfet de Région – et non la Maire de Paris – qui décide le déclenchement de l'opération, dont la majeure partie du coût (gratuité des transports en commun) est supportée par la région Île-de-France. Ce coût est estimé à 4 millions d'euros par jour par le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF) contrôlé par la Région. L'abaissement du seuil de pollution déclenchant cette mesure entraînerait apparemment actuellement la mise en place de la circulation alternée (plaques d'immatriculation paires et impaires) 10 jours par an sur Paris et ses 22 communes limitrophes - alors que celle-ci n'a jusqu'à présent été appliquée que deux fois en 17 ans (à l'automne 1997 et en mars 2014). En ce qui concerne le coup d'accélérateur que la Mairie de Paris veut donner au plan de sortie des bus au diesel de la RATP (2020 alors que la Régie s'était fixée comme objectif 2025), l'accord du STIF est nécessaire au moment où la Région Île-de-France vient de renouveler une partie du parc avec des bus au biogaz. Pierre Serne, vice-président (EELV) de la Région IDF et vice-Président du STIF, tout en étant favorable au plan de la Mairie de Paris, rappelle que la Ville n'a que 5 élus sur 29 au sein du Syndicat des transports d'Île-de-France. « Il ne faut pas que les gens croient qu'il suffit que la Ville de Paris décide pour que cela devienne réalité » ajoute-t-il.

Photo  :   © alainalele - Flickr - publiée sous contrat Creative Commons