Le 2e tour des municipales à Paris
Dans un contexte national très difficile pour elle, la Gauche parvient à conserver la Capitale et Anne Hidalgo va ainsi devenir le 5 avril la première femme de l'Histoire Maire de Paris. Dans les 16 arrondissements où un second tour était nécessaire, on constate un bon report des voix du FN vers les candidats de Droite et un report plus difficile des voix des électeurs du Front de Gauche vers les candidats de Gauche. Par rapport à 2008, on note un recul général de la Gauche dans (presque) tout Paris, dans des proportions parfois importantes pour certains arrondissements.
Notre tableau concernant les élections municipales qui viennent de se tenir à Paris indique - le nombre de voix en pourcentage obtenues le 23 mars par la Droite et la Gauche dans chaque arrondissement ; - le nombre de voix en pourcentage obtenues par la Droite sans compter les voix du Front National et par la Gauche sans compter les suffrages du Front de Gauche au 1er tour dans chaque arrondissement ; - le nombre de voix obtenues le 30 mars par la Droite et par la Gauche dans les arrondissements où un deuxième tour s'est avéré nécessaire ; - les variations en pourcentage par rapport aux résultats des élections municipales du printemps 2008 pour chaque arrondissement ; - l'abstention pour les 1er et 2e tours.
Des transferts de voix plus difficiles à Gauche qu'à Droite
Si l 'on compare dans notre tableau les chiffres inscrits dans la 2e colonne (Total Droite 1er tour), la 4e colonne (Droite sans FN) et ceux figurant dans la 6e colonne (Total Droite 2e tour), on peut voir que le pourcentage de la 6e colonne est supérieur à celui figurant dans la 2e colonne dans 12 arrondissements sur les 16 où un deuxième tour de scrutin s'est tenu. Et même dans les quatre arrondissements où le résultat du total des voix de Droite au 2e tour est inférieur au total des voix de Droite du premier tour (5e, 14e, 15e, et 18e), on peut constater que les chiffres de la 6e colonne (Total Droite 2e tour) sont toujours nettement supérieurs aux pourcentages inscrits dans la 4e colonne (Droite sans FN). Ces éléments indiquent que les transferts des voix recueillies par le Front National au 1er tour se sont faits de façon très bonne vers la ou le candidat(e) de Droite resté(e) en lice au second tour.
Inversement, le total des voix obtenues par la Gauche au 2e tour est inférieur au total des suffrages comptabilisés au 1er tour (7e et 3e colonnes) dans 11 arrondissements sur 16, ce qui indique un moins bon transfert des voix des électeurs du Front de Gauche vers le ou la candidat(e) resté(e) au 2e tour. Cependant, le total des voix obtenues par la Gauche au 2e tour est toujours supérieur au total des voix apportées à la Gauche sans les suffrages du Front de Gauche dans tous les arrondissements.
Recul général de la Gauche
Même si ce phénomène n'est pas visible au niveau du nombre des Conseillers de Paris compte tenu du système électoral en vigueur dans la Capitale, il apparaît nettement dans notre tableau au niveau de chaque arrondissement (à l'exception du 5e). Ce recul de la Gauche varie par rapport aux élections municipales de 2008 et en points de pourcentage de - 0,2 (dans le 8e) à - 13,4 (dans le 9e). Il est égal ou supérieur à 10 points de pourcentage dans les 2e, 4e, 9e, 12e, 15e, 17e et 18e arrondissements.
L'abstention reste à un niveau très élevé
Si le taux de participation s'est amélioré le 30 mars par rapport au 1er tour du 23 mars, l'abstention demeure à des niveaux élevés variant de 33,5 % des inscrits (5e arrondissement) à 48,1 % (19e arrondissements). Comme pour le 1er tour, ce sont les 19e, 18e et 20 arrondissements où le taux d'abstention a été le plus élevé, auquel s'ajoute pour le 2e tour le 8e arrondissement (45,8 %).
Quelques remarques
> La comparaison des voix obtenues par la Droite et la Gauche en 2008 et en 2014 dans le 20e arrondissement est impossible, dans la mesure où la Gauche avait obtenu au second tour de 2008 100 % des suffrages (69,5 % pour Frédérique Calandra, candidate officiellement investie, et 30,5 % pour Michel Charzat, maire sortant de l'arrondissement qui se présentait comme candidat dissident). > La nouvelle Maire de Paris Anne Hidalgo est largement battue dans le 15e arrondissement où elle se présentait, puisqu'elle obtient au second tour 21.591 voix de moins (soit une différence de 26,8 points de pourcentage) que son adversaire de Droite Philippe Goujon. Mme Hidalgo n'obtient en effet en 2014 que 29.563 suffrages contre 38.479 en 2008 et voit son score passer de 47,3 % (au second tour de 2008) à 36,6 % en 2014. > Une élection triangulaire s'est tenue au second tour de 2014 dans les 7e, 8e et 20e arrondissements. > La Gauche réussit à conserver le 4e arrondissement avec 55 voix d'avance. Le 9e arrondissement passe à Droite avec 159 voix d'écart. > Nathalie Kosciusko-Morizet connaît incontestablement un échec (puisqu'elle ne parvient pas à être élue Maire de Paris) mais celui-ci est relatif à un double point de vue : elle parvient à stopper le déclin électoral que la Droite a connu à Paris depuis 2001 ; elle peut espérer devenir début 2016 la présidente de la future Métropole du Grand Paris, où la Droite pourrait obtenir la majorité grâce à ses bons résultats dans la Petite Couronne.