Publié le 10 mai 2016
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Fête au jardin by night, défaite le jour

Avec plus de 490 parcs, jardins et squares, Paris est la capitale la plus boisée d’Europe. Un quart de ces espaces sont ouverts 24h sur 24h toute l’année. Lors de ses vœux en janvier dernier, la maire de Paris a annoncé qu’elle avait l’intention d’ouvrir en nocturne 50 % des espaces verts de la capitale, notamment quelques-uns des plus grands parcs, soit 213 hectares sur 423. C’est à l’été 2015 qu’a été mise en place l’ouverture en nocturne de cinq grands parcs parisiens, lors de l’épisode caniculaire ; cette mesure a ensuite été prolongée jusqu’au début septembre.

Cette année, c’est dès le 6 mai que dix espaces verts sont ouverts les vendredis et samedis soirs et ce, jusqu’à fin juin. À partir du 1er juillet et jusqu’au 3 septembre, ils seront ouverts tous les soirs. Sont notamment concernés de grands espaces tels que le parc André-Citroën (15ème), le parc des Buttes-Chaumont (19ème) ou les pelouses d’Auteuil (16ème) durant l’interruption des courses. La Ville effectuera un bilan d’étape avant cette mise en place de l’ouverture continue estivale.

Ce bilan traduira-t-il la réalité ? Si la mairie avance que le dispositif constitue une offre bénéfique pour les parisiens écrasés de chaleur et compte sur le civisme des usagers, les riverains sont beaucoup moins positifs au regard des nuisances occasionnées ; d’abord incommodés par la pollution sonore jusqu’au petit matin, le jour venu, les habitants découvrent un parc transformé en décharge à ciel ouvert.

Le grand affaiblissement des compétences

Pour les agents en service dans les parcs et jardins concernés, cette ouverture 24h sur 24h aboutit à une forme de « polycompétence » au détriment de leur cœur de métier. En temps normal, les faits d’insalubrité, dégradations diverses, présence de chiens dangereux, agressions verbales ou physiques représentent pratiquement 50 % des signalements à la DEVE (cf CHSCT 2013). Nos collègues ont déjà constaté les dégâts supplémentaires engendrés par les premières ouvertures de nuit, dégâts relayés par des plaintes et pétitions des riverains ou usagers habituels.

La DEVE s’interroge d’autant plus sur son avenir que la mairie souhaite réunir dans un espace public unique les rues et les jardins. A ces inquiétudes légitimes, la Ville oppose le contrat de service entre la DEVE et la nouvelle Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection, qui va prendre en charge les incivilités à Paris. Cette direction va donc regrouper les AAS (agents d’accueil et de surveillance) de la DEVE, les inspecteurs de sécurité déjà présents à l’actuelle DPP, les ASP (agents de surveillance de Paris) qui dépendent de la Préfecture de Police et les TSO (techniciens des services opérationnels) du centre d’action de la propreté de la DPE. Pour toutes ces raisons, l’UNSA, la CGT, la CFTC et FO ont voté contre la création de la DPSP. L’UCP et la CFDT se sont abstenues, seul le SUPAP-FSU votant pour.