Publié le 1 juin 2015
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Comité de suivi : la pantalonnade se poursuit !

Tel un canard sans tête qui continue sa marche, le comité de suivi des réformes (présidé par la directrice auprès du SG de la Ville de Paris chargée des projets de réformes et de modernisation de l'administration) se réunit toujours de façon imperturbable. Lors de la dernière réunion du 28 mai, un syndicat a claqué rapidement la porte, deux autres ne sont pas venus, tandis que les organisations restantes dénonçaient unanimement le manque de respect des élus des personnels que la Mairie de Paris affiche désormais ostensiblement.

Absence de dialogue (on ne parle même plus de concertation !), CHSCT Central et autres instances représentatives court-circuités, atmosphère plus qu' houleuse : la bouffonnerie qu'est devenu le Comité de suivi des réformes poursuit ses représentations. La dernière s'est tenue le 28 mai, avec au programme la restitution pour les syndicats des résultats de la concertation sur l'accès aux services publics parisiens.

Comédie

Pas question bien sûr, de communiquer aux syndicats le nom de l'organisme chargé de réaliser le questionnaire concernant l'accès aux services publics parisiens ni – surtout – le montant versé par la Ville pour ses prestations (où irions-nous ?). Il est vrai que les rares chiffres que l'Exécutif a consenti à donner aux organisations syndicales ne sont guère reluisants : 6 000 questionnaires ont été remplis par les Parisiens (ce qui représente environ 0,30 % de la population de la Capitale) et 900 réponses sont parvenues de la part des agents municipaux (sur un effectif de 60 000 personnes). Mme Laurence Girard, directrice auprès du Secrétaire Général de la Ville de Paris chargée des projets de réformes et de modernisation de l'administration, a beau préciser que le résultat recherché est d'ordre qualitatif et non quantitatif (mais comment peut-elle savoir que seule l'élite parisienne s'est manifestée ?), la comparaison avec les résultats officiels de l'étude “Paris et moi” de 2012 (qui avait recueilli de l'ordre de 20 000 réponses) pose tout de même un réel problème sur la fiabilité de la consultation sur l'accès aux services publics parisiens qui vient d'être réalisée. Mais seule la plèbe avait sans doute osé donner son opinion il y a trois ans...

Le comité de suivi n'est pas un lieu de concertation

La remarque de Mme Girard n'est en tout cas pas du goût du SUPAP-FSU qui estime que le document présenté est un « tissu de mensonges » puis, après avoir tenté à plusieurs reprises et en vain de prendre la parole, quitte la séance. La directrice chargée des projets de réformes et de modernisation de l'administration rappelle alors, avec un sens remarquable de l'à-propos, que le comité de suivi a été mis en place pour informer les syndicats et qu'il n'a pas vocation à être un lieu de concertation. Message reçu 5 sur 5 par la CFTC et FO, qui ne se sont pas déplacées pour participer à la réunion. Dans un climat plus qu' houleux (qui constitue l'un des charmes indéniables de cette comédie), l'UNSA, la CGT et la CFDT dénoncent l'absence totale de dialogue social, le court-circuitage des instances représentatives, le démantèlement des services publics et le refus opposé par la Mairie à une embauche de personnels pour répondre aux nouveaux objectifs.

Prochaine représentation : le 2 juillet 2014 à 14h. À l'affiche : la fonction communication et la fonction bâtiment.

Ce que dit la consultation sur l'accès aux services publics

La synthèse des résultats de la consultation sur l'accès aux services publics parisiens se présente sous la forme d'un document de 41 pages comportant cinq parties ( périmètre et objectifs  /  démarche et méthode  /  résultats chiffrés de la consultation  /  enseignements de la consultation par thématique  /  enseignements transversaux de la consultation ) et une annexe ( rappel des questions posées sur IntraParis ).

>  Lire la synthèse officielle des résultats

Concernant le périmètre et les objectifs, il est précisé que la Ville de Paris a lancé entre le 9 janvier et le 13 février 2015 une consultation auprès des Parisiens et des agents « pour moderniser et faciliter l'accès des services publics municipaux ». Quatre thématiques ont été retenues : - améliorer l'accès aux prestations sociales ; - faciliter l'accès de tous aux lieux culturels et aux pratiques artistiques amateurs ; - favoriser la pratique du sport pour tous les Parisiens, en particulier dans l'espace public ; - simplifier les démarches dans les mairies d'arrondissement.

La partie démarche et méthode comprend un passage intitulé “ une volonté de s'appuyer sur l'expertise des agents ”. Parmi les « contributions libres des agents », on note deux demandes auxquelles la Mairie de Paris oppose depuis longtemps un refus obstiné : « payer les comptes épargne temps comme dans la fonction publique territoriale » et « mettre des tickets restaurant à la disposition des agents ».

La Mairie estime dans la partie résultats chiffrés de la consultation que la démarche « a rencontré une forte participation des usagers comme des agents ». Rappelons les chiffres : 6 000 questionnaires remplis pour 2 millions de Parisiens et 507 idées et suggestions postées sur IntraParis par les agents ( sur 60 000 personnes ). L'Exécutif semble donner dans l'autodérision...

Les enseignements de la consultation par thématique font apparaître, entre autres, de nombreuses difficultés d'accès aux prestations sociales, de « grandes difficultés pour l'usager à distinguer les services présents en mairie [ d'arrondissement ] comme relevant de différentes administrations », un « découragement » des usagers face à la saturation des équipements » sportifs, des « freins structurants » et des « freins psychologiques et culturels forts » en ce qui concerne l'accès aux offres culturelles municipales. En résumé, c'est un peu : “ Kafka : le retour ”.

Les enseignements transversaux de la consultation portent sur la lutte contre le non-recours (usagers abandonnant des prestations auxquelles ils ont droit à cause de la complexité des procédures), le découpage de l'administration parisienne (direction, service) qui « fait peu de sens pour l'usager » et une demande pour une plus grande généralisation des démarches en ligne.

Photo  :  © Manu  –  Flickr (sous contrat Creative Commons)