Des salariés deux fois plus syndiqués dans la fonction publique
Tel est l’un des principaux constats relevé dans le rapport d’analyses de la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail produit en mai 2016. Cette étude de la DARES, basée sur des chiffres 2013, indique également que le taux de syndicalisation français est parmi les plus faibles d’Europe. ...
A l'heure où les mouvements sociaux s'intensifient et alors même que le citoyen peut s'interroger sur la légitimité de certains syndicats, il semble utile de faire un point sur la question de la syndicalisation en France.
Comment se mesure la syndicalisation en France ?
En 2013, 11 % des salariés français se déclarent syndiqués tandis que 5 % se présentent comme sympathisants d’une organisation syndicale. Ces chiffres sont établis par rapport à des données d’enquête. Notamment l’enquête Conditions de travail, réalisée en 2013 par DARES-DGAFP-DREES-INSEE, qui porte sur l’ensemble des actifs occupés, et à laquelle un peu plus de 30.000 salariés de plus de 15 ans ont répondu. En parallèle, l’enquête 2013 de l’Insee sur les ressources et conditions de vie comporte également des indicateurs de syndicalisation. Les résultats conjoints de ces enquêtes, ainsi que les déclarations des OS permettent de conclure que la proportion de salariés syndiqués est stabilisée à 11 % depuis le milieu des années 1980. Rappelons que les organisations syndicales représentent tous les salariés, qu’ils soient ou non syndiqués et que la légitimité des syndicats se détermine par rapport à leur audience électorale lors des élections professionnelles. Lors des dernières élections, fin 2014, le taux de participation était de 53 % dans les trois fonctions publiques.
Des écarts significatifs
Le rapport relève que les salariés de la fonction publique sont deux fois plus syndiqués que ceux du secteur marchand et associatif. Le taux de syndicalisation est particulièrement élevé dans la fonction publique d’État, soit un taux de 24 % (en particulier dans l’éducation, la formation et la recherche), contre 17 % dans la fonction publique hospitalière et 16 % dans la fonction publique territoriale. Dans les établissements de moins de 50 salariés, le taux de syndicalisation est de 5 % dans le secteur marchand et associatif alors qu’il est globalement de 19 % dans la fonction publique. Le lien entre la taille de l’établissement et l’adhésion syndicale est donc très fort dans le secteur marchand et associatif. Dans le secteur marchand et associatif, les adhérents des syndicats sont essentiellement des salariés des professions intermédiaires ainsi que des ouvriers. En revanche, dans la fonction publique, près d’un cadre sur quatre se déclare syndiqué.
Une syndicalisation liée à la stabilité de l’emploi
La syndicalisation est fortement associée à la stabilité de l’emploi. Dans le secteur marchand et associatif, le taux de syndicalisation est de 1 % pour les salariés en intérim et de 2 % pour les salariés en CDD. De même, les salariés à temps complet sont en général plus syndiqués que leurs collègues à temps partiel. Dans la fonction publique, 5 % des salariés en contrat à durée limitée sont syndiqués contre 23 % des fonctionnaires et des salariés en CDI. Le taux de syndicalisation augmente avec l’âge, quel que soit le secteur, et on note une faible attractivité des syndicats pour les jeunes travailleurs. Il est vrai que ce moindre engagement peut s’expliquer par leur plus grande instabilité professionnelle mais il s’inscrit néanmoins dans un contexte général de faible syndicalisation.