Paris-Musées : deux ans et trois mois après
Le 1er janvier 2013 était fondé l'établissement public Paris-Musées (EPPM) chargé de gérer l'ensemble des musées de la Ville de Paris dont la Direction des affaires culturelles (DAC) était jusqu'alors responsable. Deux ans et demi plus tard, quel bilan peut-on tirer de l'activité de l'établissement public par rapport aux objectifs (au moins officieux) qui lui avaient été fixés : augmentation de la fréquentation des musées, meilleure gestion des personnels, amélioration de la sécurité afin (notamment) d'éviter les vols d'œuvres mondialement connues ?
Fréquentation des musées. Il existe deux types d'exposition des œuvres : les collections permanentes (avec un accès gratuit pour le public) et les expositions temporaires (payantes, sauf pour les agents de la Mairie). Par rapport aux chiffres arrêtés par la DAC en 2012 pour chaque musée, il semble, selon nos informations, que la fréquentation ait augmenté notamment pour plusieurs expositions temporaires qui ont rencontré un réel succès auprès du public. > Lire les chiffres 2012
Gestion des personnels. Le bilan de Paris-Musées est loin d'être favorable. Une gestion mutualisée des ressources humaines devait permettre aux personnels (et notamment aux agents de surveillance et de magasinage) de passer facilement d'un musée à l'autre. Cette possibilité est aujourd'hui bloquée, alors qu'elle est largement demandée par les agents et qu'elle devait constituer un “plus” offert par l'EPPM. Le retard de paiement pour les salaires des vacataires est toujours très important (entre 3 et 4 mois). Les heures supplémentaires sont payées avec le même retard pour les personnels titulaires. Depuis 2014, il est de moins en moins fait appel aux vacataires pour les expositions temporaires, ce qui contribue à générer des files d'attente très longues et des attitudes souvent agressives du public à l'égard des agents de la Ville. En ce qui concerne le travail à effectuer pendant les jours fériés et les soirées, l'UNSA demande que les agents titulaires soient employés en priorité, alors que la direction de Paris-Musées s'est orientée d'une part vers une politique d'ouverture des musées de plus en plus grande les jours fériés et d'autre part vers une augmentation de l'amplitude horaire concernant l'accès du public. De manière plus générale, on constate un manque de réactivité et de considération des agents dans le traitement des demandes et de la gestion quotidienne des ressources humaines centralisée par l'établissement public. On observe d'autre part un manque de personnels dans les musées, qui ne s'explique pas simplement par l'absentéisme. Ce sous-effectif entraîne souvent la fermeture des salles ouvertes au public (près de la moitié au musée Carnavalet par exemple), voire même de secteurs entiers.
Sécurité et travaux. Une très nette amélioration est constatée par rapport à l'époque de la DAC, y compris pour les gros travaux (les bâtiments appartenant toujours à la Ville de Paris). En ce qui concerne notamment le Musée d'art moderne, où un vol retentissant de chefs-d'œuvre du début du XXe siècle avait été commis il y a quelques année, le système anti-intrusion a été totalement repensé (mais le système de sécurité incendie ne fonctionne toujours pas correctement !).
Le bilan financier. D'après le rapport d'activité 2013 publié par l'établissement public, le budget de fonctionnement annuel de Paris Musées s'élève à 74 089 917 €. Le montant du budget d'investissement s'élève à 4 771 869 €. Ces deux sommes sont à mettre en regard de la subvention de fonctionnement de la Ville de Paris versée à l'EPPM pour 2013 qui est de 58 670 000 €. À cette subvention de fonctionnement s'ajoute une subvention d'investissement de 2 817 000 € à laquelle s'ajoute une avance pour acquisition d'œuvres d'art nouvelles de 780 000 €. La différence entre les recettes et les dépenses est bénéficiaire à hauteur de 4,9 millions d'euros en 2013. 65 % des dépenses de fonctionnement sont liés aux personnels (salaires + charges sociales). L'organisation des expositions temporaires représentent 12 % des dépenses. Pour les recettes, la subvention de la Ville se monte à 81 %, tandis que le revenu généré par les expositions temporaires représente 13 % (la visite des collections permanentes étant gratuite) et celui procuré par l'édition des catalogues 2 %. > Lire le bilan financier 2013