Quand la Maire de Paris s’en prend au droit de grève
Anne Hidalgo n'a pas évoqué la question du droit de grève sur le divan de Marc-Olivier Fogiel (émission diffusée le soir du mardi 7 avril sur France 3), et c'est bien dommage. Certes, les règles du show-business dans lesquelles la Maire de Paris s'est moulée avec délice à l'occasion du premier anniversaire de son mandat s'accommodent mal (au sens culinaire du terme) avec des thèmes arides issus du droit du travail. Mais on aurait malgré tout pu espérer que l'inspectrice du travail retraitée devenue première magistrate de la Capitale n'aurait pas totalement oublié les éléments juridiques concernant la protection des salariés du secteur public comme du secteur privé. Hélas ! Le star-system a des raisons que la raison ne connaît pas.
La crise que connaît la Direction de la jeunesse et des sports depuis plus d'un an au niveau des stades et des piscines empoisonne pourtant le climat social de l'administration parisienne. La Mairie y a tout d'abord répondu par la procrastination (« On verra ça après les élections professionnelles »....). Le scrutin évoqué s'est bien tenu le 4 décembre dernier et la nouvelle Municipalité a alors tout fait pour que le conflit s'enlise en refusant un dialogue réel avec les représentants syndicaux. L'origine du problème se situe au niveau d'une prime dominicale de 44 € créée en 2002 et dont il n'est pas totalement illégitime de demander la revalorisation au bout de douze ans...
La Mairie est passée récemment à la vitesse supérieure en voulant réglementer le droit de grève à elle toute seule et en n'hésitant pas à faire appel à des vacataires et à des agents d'une société privée pour briser la grève. Face à la fronde d'une grande partie des élus du Conseil de Paris, Anne Hidalgo a alors quelque peu perdu ses repères en accusant avec violence lors du dernier Comité technique central les syndicats de « prendre les Parisiens en otage », vocabulaire étrange couramment utilisé par un bord politique qui n'est (théoriquement) pas le sien. Décidément curieusement inspirée ce jour là, la Maire de Paris en a en rajouté pour faire bonne mesure en se présentant comme l'ultime rempart du service public face au retour des mouvements réactionnaires qui, s'ils prenaient le pouvoir en 2020 à l'Hôtel de Ville lors des prochaines élections municipales, ne manqueraient pas de privatiser stades et piscines.
L'affaire a été portée devant la justice. La Maire de Paris continue quant à elle d'agir dans le seul domaine où elle se sent vraiment à l'aise – la communication – et a fait publier une affichette évoquant « un protocole de sortie de grève avantageux ». L'UNSA apporte son entier soutien aux grévistes et poursuit ses actions revendicatives aux côtés des agents.
Lire :
> la note du SG de la Mairie de Paris concernant l'exercice du droit de grève dans les établissements sportifs > la note du DRH de la Mairie de Paris appelant en renfort les agents vacataires de toutes les Directions de la Ville « en remplacement des agents grévistes dans les équipements sportifs » > les articles de Social Nec Mergitur : “ les élus parisiens dénoncent la gestion désastreuse du conflit ” (5 mars) et “ Nouvelle action en justice des grévistes des stades et des piscines ” (8 avril)